Nathalie Amand a fait de l’autoportrait un instrument de recherche plastique. Son travail est moins un travail à propos d’elle-même qu’une tentative de saisir le temps, d’explorer l’espace, de jouer avec la lumière et les formes. Son corps est prétexte à montrer le mouvement. Les longs temps de pose créent un contraste entre le corps qui devient emprunte fantomatique et le lieu intemporel et neutre conjuguant ainsi l’éphémère et le permanent.
La thématique du nu est subvertie car les parties identifiables du corps sont minorité et le visage quasi gommé se réduit à des fragments. Le torse s’identifie tantôt aux apparences d’une sculpture d’Henry Moore, tandis que les membres s’approchent à de l’abstraction gestuelle et que les rondeurs évoquent des Vénus préhistoriques et callipyges.
Le travail sur la lumière est particulièrement recherché. Elle est souvent concrétisée par un rectangle ou un losange d’un immaculé fulgurant qui découpe un espace au sein de l’espace et symbolise une lueur issue de l’extérieur du huis clos où se déroule la prise de vue.
Ici l'oeil s’interroge : danse ? torture ? geste anodin ou action prémédité ?
De subtiles correspondances s’établissent entre visible et invisible, décelable et dissimulé, véritable régal pour les yeux et l’esprit.
Michel Voiturier
Cette série d'autoportraits a été réalisée à la chambre technique avec des temps de pose suffisamment longs pour enregistrer une idée de mouvement, de durée et de mémoire. Cette relation espace-temps engendre des changements pouvant aller jusqu'à de veritables métamorphoses. Celles-ci relèvent tantôt de l'aspect angélique de l'être, tantôt de son côté monstrueux.