Les sanctuaires de Nathalie Amand
Les photographies de Nathalie Amand sont autant de tableaux où l’eau mène vers le mystère et la recherche de la lumière, comme pour mieux révéler la part visible de l’invisible.
Le mystère est partout, à peine suggéré, rarement révélé. Il faut entrer dans l’image et dans le dédale des signes dont la luxuriance invite à la perdition. L’eau s’impose par l’élégance des courbes qu’elle dessine ; elle se perd dans l’interpénétration des éléments. Le minéral et l’organique se mêlent et s’étreignent dans les soubresauts telluriques dont chaque image semble être la métaphore. Vie, mort et métamorphoses dont procèdent les cycles !
Le mystère qui se dégage est imprégné des peurs et des joies que ressent le voyageur quand l’immensité sylvestre semble se refermer sur lui, jusqu’à l’engloutissement par la nature matricielle. Comme un retour à la source !
La lumière : survenant au détour d’un rayon de soleil, elle éclaire la scène photographique jusqu’à l’éblouissement tandis que par contraste, elle souligne le velouté des ombres et la profondeur des noirs. Attendue et désirée par une artiste patiente, soumise aux contingences du lieu et du temps, elle se laisse capter en un instant décisif, unique, irremplaçable. Cette attention relève de l’amour, tandis que la rencontre de la lumière et du mystère renvoie à une certaine idée du sacré.
Sanctuaires : ces lieux cachés qui se révèlent à ceux qui les cherchent et les méritent !
Ce travail sur la lumière est couronné par un sens du tirage relevant de l’expertise. L’appareil de moyen format utilisé à la prise de vue, procure à l’image argentique une plasticité certaine. Les clichés sont réalisés avec des temps de pose longs, sur pied, ce qui permet de restituer une idée de mouvement tout en préservant la netteté générale. Ce mélange subtil de précision et de zones mouvantes constitue la signature d’une démarche intégrant la technique, la sensibilité et la congruence du propos.
Bruno Lestarquit